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Une œuvre de Régis Belleville Editions Transboréal

Voyage au bout de la soif

Seul au milieu du Sahara
9782361570071
Prix 20,90 € Disponible EAN : 9782361570071
ISBN : 978-2-36157-007-1
ISSN : 1633-9916

Installé pendant un mois dans une cuvette de sable cernée de dunes aux confins de la Majâbat al-Koubrâ, le désert le plus aride de Mauritanie, Régis Belleville s’est volontairement soumis à la triple épreuve de la chaleur, de la solitude et de la soif. Ce « voyage immobile » à visée scientifique lui a permis d’observer les infimes détails de la vie dans le Sahara, d’en admirer la faune variée, de découvrir des vestiges préhistoriques, de goûter la splendeur des nuits étoilées. Cette immersion dans un environnement extrême lui donne l’occasion de se retourner sur son parcours de chamelier et de rassembler les souvenirs de ses méharées, marquées par l’amitié avec les nomades. C’est « son désert », celui où il a vécu, souffert et laissé une partie de lui-même qu’il fait découvrir, un désert qui renvoie l’être humain à ses forces et à ses faiblesses.

Introduction – Le Sahara, terre d’aventure et de science
L’exploration passée et future

Chapitre 1 – Dans les vents de sable du Ténéré
Un homme, trois dromadaires et la même soif
La défaillance
Déshydratation aggravée

Chapitre 2 – Opération survie
L’enjeu des zones désertiques
À la recherche des météorites
Des bactéries fort utiles
Psychologie de la survie
Physiologie de la survie

Chapitre 3 – Préparatifs en Mauritanie
En route pour le pays des Maures
Une batterie de tests
L’homme et la chaleur
Méharée d’approche

Chapitre 4 – Le cadre de l’expérimentation
Seul entre les dunes
Le campement
Chère solitude
Survivre
Les mécanismes de la soif

Chapitre 5 – Exploration et découvertes
Un compagnon aux grandes oreilles
Stratégies animales
Vestiges
De fascinants ennemis
Entraînement au Groupement nomade militaire
Le dromadaire, une adaptation exemplaire au désert

Chapitre 6 – Dans les confins rebelles du Mali
La branche saharienne d’Al-Qaida
Salafistes et contrebandiers
L’enfer de Taoudenni

Chapitre 7 – Plus qu’un litre d’eau par jour
Une venimeuse intruse
Atteindre ses limites
Méharée du retour

Conclusion – Le Sahara, terre de recherche et d’avenir


Annexe I – Bilan scientifique
Résultats liminaires
L’avenir de la recherche
La climatologie des vents de sable

Annexe II – Détail des tests cognitifs

Annexe III – Puits du nord du Mali

Précieuse solitude//Enfin seul ! Absolument seul ! Pas un dromadaire à surveiller ni duquel s’occuper ; plus personne à qui parler ni quiconque pour juger les décisions prises. J’éprouve cette liberté totale que je désirais à nouveau. Ma solitude choisie, positive, va me permettre de me retrouver ; elle est de celles qui restaurent la compréhension de soi, qui incitent celui qui en fait l’expérience à sonder la profondeur de son âme. Je sens le vent qui n’est que caresse sur mon visage. Le soleil réchauffe mon cœur dans une jouissance indicible. Le parfum du néant m’enivre. L’isolement saharien assèche les sentiments de compassion ou d’indulgence qui sont propres à la nature humaine. Je redécouvre une communion physique et intellectuelle aiguë avec cette nature souveraine, impériale. Lorsque je regarde aux quatre points cardinaux, je ne vois que la vraie vie, celle qui ne produit que l’essentiel, dans un subtil mélange de calme et de sensations distillées dans leur paroxysme. L’apaisement est si profond que je m’immerge dans le silence et me rapproche de l’imperceptible. Tout ce que je ne regardais pas va devenir visible ; tout ce que je n’écoutais pas va devenir audible à l’intérieur comme à l’extérieur de mon enveloppe. Je me plonge entier et sans pudeur dans l’immense espace que je ne discernais pas encore. J’expérimente l’essentiel, l’animal, l’essence de la vie primitive, dans l’absolu de la divine nature sauvage. Mon sentiment de solitude engendre l’énergie et la force de survivre dans le bien-être de la paix et de la tranquillité reconquises. C’est une richesse qui permet un accès à l’exploration intérieure par le détachement de l’impression de dépendance à l’égard de la communauté des hommes. Une richesse qui concentre la réflexion, qui insuffle la spiritualité, qui crée l’harmonie, loin des phénomènes de dispersion, de contamination ou d’amalgame inhérents au contact avec autrui. La solitude devient alors le miroir de l’âme, dans une épuration positive qui conduit le pèlerin à marcher tête haute vers les méandres de sa conscience.//p. 91-92

Dans la peau du chamelier//Depuis quelques jours, je ne songe même plus à l’arrivée, mais souhaite simplement sortir au plus vite de cet enfer minéral. Je ne sais pas encore quand je déciderai d’arrêter cette marche forcée, cette traversée, cette folie. Je sais seulement qu’il me reste encore un peu de ressources pour me battre et poursuivre. Je ne suis pas encore à terre. Je veux aller le plus loin possible, avancer sans relâche. Le mouvement perpétuel est un des principes de survie en méharée. J’aimerais tellement atteindre la mer et poser enfin mes yeux sur une étendue verte ! Depuis trop de mois, je ne vois que du jaune et du bleu entre terre et ciel.
Mes trois dromadaires sont fatigués. Azaref, le meneur du petit groupe, me suit maintenant depuis 1 400 kilomètres. Il est blessé par les frottements permanents de sa selle et son sang s’est épaissi sous la déshydratation forcée que je lui impose depuis ces semaines de compagnonnage. Il ne tiendra peut-être pas jusqu’au prochain puits, distant d’environ 240 kilomètres, en plein milieu du Ténéré. Ce matin avant de partir, je lui ai fait ingurgiter de force un dopant local en lui versant dans les naseaux un mélange liquide de tabac et de natron, en espérant que cela lui donne un bon coup de fouet.
En route ! Notre prochain objectif : atteindre le puits situé au sud-ouest des falaises d’Achegour avant de remonter progressivement vers le 20e parallèle.
Nous repartons autour de 15 heures ; la chaleur n’est pas retombée, néanmoins il faut continuer, avancer d’une vingtaine de kilomètres encore avant la nuit. Les réserves d’eau embarquées me permettront tout juste d’arriver au prochain puits. Je les limite cette fois volontairement à 60 litres pour ne pas surcharger inutilement mes animaux épuisés et être plus rapide. À partir de demain, j’espère parcourir au moins une trentaine de kilomètres par jour, sachant qu’avec cette chaleur, je serai obligé de faire une courte pause en milieu de journée, aux heures les plus brûlantes, pour ne pas trop accentuer la déshydratation de mes compagnons d’infortune. Comme ils ne sont pas au meilleur de leur forme, je dois les préserver et les garder en vie, gage évident de ma survie. Le métier de chamelier n’est pas simple. Il se situe au-delà de la spécialité de méhariste et demande des compétences plus importantes. Baraquer, charger et monter ses dromadaires pour une progression saharienne, tout le monde peut le faire. L’apprentissage n’est pas long : en quelques jours, on peut acquérir les bases et parfaire par la suite son expérience en fonction des différents types de terrains et d’écosystèmes. Le métier de chamelier est plus complexe : il faut apprendre à anticiper les besoins des animaux que l’on entraîne avec soi dans des conditions extrêmes, savoir pousser les limites de leur physiologie et de leur volonté dans leurs derniers retranchements. On n’embarque généralement aucune réserve d’eau pour eux. Il faut alors faire face à leur déshydratation, qui s’accentue inexorablement au fil du temps, en fonction des impératifs de la marche nécessaire pour atteindre le puits suivant. Il faut savamment doser leurs efforts pour ne pas brusquer leur biorythme et malmener leur métabolisme, tout en instaurant une confiance qui doit être réciproque et entière. Les dromadaires ne sont pas stupides : ils vous observent en permanence, que ce soit dans le choix du lieu de bivouac ou de l’itinéraire décidé en fonction des difficultés du terrain. Si vous ne remplissez pas votre part du “contrat”, qui est de les maintenir en vie jusqu’au bout pendant qu’eux se chargent du portage, alors ils vous abandonneront sans pitié ni état d’âme. Et ce sera chacun pour soi dans une situation critique qui, pour le chamelier, atteindra rapidement son seuil viable.//p. 21-22

Désert vivant//C’est bien à tort que l’on croit parfois que le Sahara constitue un univers figé depuis la dernière période humide, un monde où il n’y aurait finalement que le sable qui avancerait. Le Sahara est vivant, ses biotopes en perpétuelle adaptation et les découvertes dont il est le champ souvent majeures et novatrices. Aujourd’hui, nombreuses sont encore les hypothèses dans la tentative de compréhension de ce milieu extrême ; les questions sans réponse ou sans certitude scientifique sont toujours légion dans cet univers minéral. Dans bien des domaines, le Sahara apporte ses propres solutions aux problématiques qui relient le vivant à sa matrice, la Terre. Et si, à l’aube du XXIe siècle, les outils scientifiques sont plus performants et plus précis, ils soulèvent aussi plus de questions au sujet des interactions du vivant avec son écosystème ou de l’extrême adaptabilité des formes de vie dans l’évolution future de notre biosphère.
Mes méharées hauturières m’ont souvent conduit à traverser des territoires peu connus où se situent encore quelques rares zones inexplorées, offrant ainsi des données scientifiques privilégiées dans des écosystèmes vierges. Les prélèvements d’échantillons de sable, de sédiment et de roche ainsi que l’observation d’objets paléolithiques et néolithiques, de plantes et d’animaux permettent d’éclairer les connaissances actuelles en géologie, en préhistoire ou en biologie animale et végétale. Dans son ensemble, la géologie du Sahara est assez bien connue, mais les prélèvements, au cœur de certaines régions difficiles d’accès, font encore défaut quoiqu’ils soient indispensables pour confirmer ou infirmer les hypothèses scientifiques sur les aires de sédimentation paléolacustres, la modélisation des stratifications et des structures rocheuses, ou encore la glaciologie de l’ordovicien à l’ère primaire. En effet, il y a 450 millions d’années, le Sahara appartenait au supercontinent appelé Gondwana, se situait au pôle Sud et était entièrement couvert d’une calotte glaciaire (inlandsis) comparable à ce que nous connaissons aujourd’hui en Antarctique.
Les écosystèmes sahariens possèdent une faune et une flore exceptionnelles, mais encore peu étudiées et donc méconnues. Dans les régions extrêmement arides, l’observation de certaines plantes et la découverte de nouvelles espèces adaptées à cet environnement hostile intéressent les botanistes. En utilisant des symbioses, certains végétaux ont développé dans leurs biotopes des stratégies uniques et spécifiques d’acclimatation face à leur milieu défavorable. La plupart de ces associations symbiotiques ne sont toujours pas décryptées par les spécialistes et restent un mystère de l’évolution biologique.
Quelques espèces animales singulières ou endémiques à ces régions retirées n’ont été que rarement ou jamais observées dans leur environnement naturel. Dans un cadre de préservation et de protection de cette biodiversité fragile, les études éthologiques et biologiques in situ de ces animaux contribuent à une meilleure compréhension de leur comportement, de leur mode de reproduction, de leurs habitudes alimentaires et de leurs techniques de survie en milieu désertique.
Les différentes collectes de données et le repérage de sites paléolithiques ou néolithiques non répertoriés contribuent à renseigner les chercheurs sur les peuplements, les activités et les migrations de l’homme préhistorique aux différentes périodes humides qu’a connues le Sahara.
Par ailleurs, je participe modestement à quatre axes de recherche sur des thématiques particulières, mais directement reliées à ma démarche de progression en milieu hyperaride : la collecte de météorites, et plus particulièrement de chondrites carbonées ; la quête de micro-organismes extrémophiles dans des paléosols sédimentaires ; la psychologie dans le processus de déshydratation ; la physiologie du stress.//p. 51-53

Les mineurs de Taoudenni//Scrupuleusement conservé dans un petit sac de tissu, le sel qui fait partie de mon alimentation dans ma “mission de survie” vient probablement de Taoudenni si l’on en juge par la transparence des morceaux de gemme. Cette cristallisation est caractéristique et unique. Nul besoin d’être minéralogiste pour identifier son origine avec certitude quand on l’a vu une fois dans sa vie. Depuis le fond des temps, cette denrée est recherchée par les populations dans tout l’Ouest saharien. Cette précieuse marchandise pouvait, à l’époque des grands empires noirs du Moyen Âge, s’échanger à poids égal contre de l’or. Aujourd’hui, les camions remplacent peu à peu le transport caravanier traditionnel des azalaï et, à partir de Tombouctou, des quantités plus importantes rayonnent dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest. Le seul gisement de Mauritanie est celui de la sebkha d’Idjil, mais il n’est plus guère exploité que pour en extraire un mélange salin contaminé par de l’argile, surtout donné aux animaux. L’inconvénient majeur du sel gemme est qu’il est dépourvu d’iode, ce qui peut induire de graves hypothyroïdies : cette carence, qui perturbe le développement cérébral, est la principale cause de retard mental et de lésions cérébrales chez les nomades. C’est pour cette raison qu’en méharée je complète toujours ma réserve par une boîte cartonnée de sel marin classique à grains fins. Mais son utilisation est moins adaptée à la rudesse du désert, où il n’est par rare de retrouver l’emballage percé ou éventré et son contenu répandu ou mélangé à du sable.
Le labeur est inhumain sur le site de Taoudenni, mais les hommes aux mains et aux pieds crevassés et brûlés par les sédiments salés qui s’y emploient à extraire le sel n’ont pas d’autre moyen de subsistance. Le travail d’excavation se fait au pic et à la sueur : les mineurs creusent le sol croûté par l’évaporation, progressant des couches superficielles de moins bonne qualité vers les couches profondes qui contiennent la fleur de sel. En général, ils atteignent l’“or blanc” à partir de 4 mètres de profondeur, puis s’enfoncent latéralement par un astucieux système de piliers qui évite l’effondrement des boyaux. À voir la beauté des strates versicolores que mettent au jour les coups de pioche, on en oublierait presque les terribles conditions de travail de ces damnés de la terre : du rouge brique au blanc pur, c’est un millefeuille de roches qui se découvre, une généalogie du sous-sol saharien que révèlent les cavités taillées en carré, étrange gruyère mitant le désert de flaques de gemmes étincelantes. À la saison froide, les plaques de sel seront transportées par caravanes entières jusqu’à Tombouctou. Au plus fort de ce commerce, ce sont des centaines de têtes par semaine qui font les allers et retours en un mois.
Les ouvriers me proposent un peu d’eau pour me désaltérer, que j’accepte volontiers. La chaleur est insupportable ; elle accroît la brutalité des conditions de cette antichambre de l’enfer. L’eau est franchement saumâtre, une des pires que j’ai eu l’occasion de boire dans le Sahara. On m’explique que beaucoup d’hommes tombent malades, souffrant de déshydratation aiguë. Cette eau impropre à la consommation, qui provient de l’unique puits de Taoudenni, leur cause en permanence des diarrhées par son taux élevé en sels minéraux. Mais il s’agit du seul point d’eau à 160 kilomètres à la ronde. Les chameliers de l’azalaï, eux, effectuent leurs réserves d’eau à Bir Ounane avant d’arriver à Taoudenni. Ici, les mineurs achètent leur nourriture à crédit auprès des boutiques de Tombouctou, selon un système de tickets. En revenant de la mine après la saison des azalaï, ils paient leurs dettes avec une partie des plaques de sel qu’ils ont extraites. Le dernier véhicule qui est passé dans le secteur était un camion de contrebande qui filait plein nord vers Teghazza, à 180 kilomètres d’ici, avant de bifurquer vers le Maroc ou l’Algérie ; il y a dix jours de cela. Le chauffeur leur a distribué des médicaments et du riz. Personne depuis ! Alors les mineurs me demandent si nous pouvons compléter leurs réserves d’eau grâce à notre véhicule.//p. 174-175

Philippe Blasco, www.uniterre.com, le 16 juin 2011 :
L’auteur est pudique, comme les hommes qu’il apprécie : l’essentiel du récit porte donc sur le désert, sa géologie, l’unicité de ses témoignages – avec des affleurements, dégagés par le vent, des sols vieux de centaines de milliers d’années ou l’émouvante découverte d’un ensemble de bifaces disposés étrangement sur le sable. Mais aussi sa faune : fennecs, scorpions, antilopes, microrongeurs ou serpents, ces contrebandiers dont l’auteur parle avec discernement… ainsi que ses dromadaires, qu’il évoque sans mesure et avec un profond attachement ! À chaque fois qu’il décrit l’expérience qu’il mène sur les conséquences psychiques et physiologiques du stress hydrique, les mécanismes de la soif, les stratégies d’adaptation des êtres vivants à ce milieu extrême, les multiples régions traversées, les puits reconnus, ou encore la géopolitique du Sahara, il est toujours d’une grande précision. Jusqu’au détail des tests réalisés quotidiennement, qui nous sont livrés in extenso ! Chaque détail est l’occasion d’un souvenir d’expédition, et chaque souvenir est prétexte à des explications détaillées sur le fascinant désert du Sahara. Mais on pense, en lisant ce livre, à un autre témoignage : celui de Philippe Frey, autre grand arpenteur du désert, qui nous disait avoir appris d’un vieux caravanier, puis compris en l’expérimentant lui-même, que l’homme est, dans le désert, là où rien ne peut le distraire ou l’aider, son principal ennemi. Celui dont il doit le plus se méfier. Et s’il y a beaucoup à apprendre dans ce livre, sa magie, me semble-t-il, est qu’il met en tension, au sens le plus électrique, la rationalité – du méhariste confronté aux défis de la survie et du scientifique fasciné par ce terrain exceptionnel d’expériences – et le dévoilement intermittent d’une personnalité explorant ses obscurs replis.

Nathalie Kermorvant, Le Télégramme n° 687, le 20 mars 2011 :
« Spécialiste des méharées dans le Sahara, l’auteur propose un voyage immobile, aux frontières de la soif et de la vie. Seul durant un mois au cœur du désert le plus aride de Mauritanie, il expérimente la déshydratation extrême. Dans un quotidien ponctué d’analyses et d’exercices servant à mesurer sa santé physique et mentale, il réduit peu à peu ses apports en eau, jusqu’aux limites du corps humain. Malgré sa connaissance de la survie dans le désert, et en dépit d’un moral impressionnant, commence alors pour ce naufragé des sables une lente descente aux enfers, expérience à visée scientifique, mais aussi et surtout, histoire humaine vertigineuse. »

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